« Depuis que nous sommes installés ici nous avons toujours eu un accord avec les créatures qui vivent au-delà de nos frontières. Nous ne nous aventurons pas dans les bois. Elles ne viennent pas au village ». Dans le film de « Le village » de Night Shyamalan, les habitants d’une petite communauté du XIXe siècle vivent dans la peur. La peur des créatures peuplant la forêt qui entoure le village. Une peur palpable dès les premiers instants du film. Une peur double. D’une part, la peur de franchir les limites du village, de se hasarder dans l’inconnu, au risque de se faire trucider, dévorer, manger tout cru. D’autre part, la peur que les créatures franchissent ces limites dans l’autre sens, au risque de se faire trucider, dévorer, manger tout cru (bis)… Aussi les villageois s’efforcent-ils d’éviter de les appâter, par exemple avec de la couleur rouge, qui les attire inévitablement, paraît-il. Toute trace de rouge, même celui des pétales des fleurs, est rapidement éliminée.

Et ça marche. L’équilibre du village tient bon. Des anciens y veillent, qui rabâche leurs ouailles de ces monstres sanguinaires qu’on ne voit jamais, même si on les entend beaucoup. L’ancrage des croyances est impressionnant. Une large majorité des villageois, qui tiennent à leur intégrité physique, respectent scrupuleusement les règles du type : « N’entre jamais dans les bois, c’est là qu’elles attendent ». Sauf le rebelle de service, bien entendu. Lucius Hunt, un iconoclaste auquel il est rapidement reproché de menacer la survie de tous. Pas bien.

Malgré les pressions, Lucius pénétrera dans les bois. Bravant l’interdit, surmontant sa peur, se confrontant à la réalité, il avancera et finira par découvrir la vérité. Si vous vous rappelez de la dernière image du film, vous savez exactement de quoi je parle. Je me rappelle encore son effet sur moi…

Et vous ? Ces histoires qu’on vous a racontées, que vous vous racontez encore ? À quel point y croyez-vous ? À quel point vous arrêtent-elles ? Que fait le Lucius qui sommeille en vous ?

Ce que je pense m’entrave…

« Je n’y arriverai pas ». « Je suis nulle (ou stupide, moche, inadéquate… la liste n’est pas limitative) ». « Il faut que je sois le meilleur (ou le plus fort, le plus beau, le plus brillant, même remarque) ». « Je ne peux pas faire ça ». « Je dois m’en sortir seul ». « Personne ne m’aime (comme je suis) »… Nous en avons tous, des petites phrases assassines que l’on s’adresse à soi-même pour rester cantonné dans l’espace limité où nous croyons être à l’abri de la peur et de la culpabilité. Nous sommes les premiers gardiens de notre zone de confort. Vigilants, convaincus, critiques, nous nous connaissons tellement bien que nous parvenons comme personne à nous couper l’herbe sous le pied…

Dur, dur. Mais ô combien normal. Parce que nous y croyons. Nous croyons vraiment que nous sommes nuls. Pas aimables. Pas capables… Une fois de plus, à partir d’une répétition de faits, notre pilote automatique a établi des « vérités » qui sont constituées de pensées, d’imagination, d’opinions, de conclusions ou de convictions que nous considérons comme vraies, puisqu’elles découlent de nos expériences. Nos croyances forment notre réalité, y compris notre relation à nous-mêmes et au monde.

Comment j’en arrive à me limiter…

Les croyances négatives nous limitent dans notre développement, nous empêchant d’atteindre notre plein potentiel. « Je suis nul » n’a jamais fait avancer personne. Pourquoi ? Parce que de tels messages ont un impact sur nos comportements. Ils sont directement reliés à des réactions automatiques. Au final, la pensée : « Je n’y arriverai jamais » nous amène généralement à ne même pas essayer… C’est bien la preuve que ça fonctionne !

Pour Cary Craig, l’inventeur de l’EFT, nous vivons dans un palace de possibilités, mais avons tendance à rester dans nos quartiers, sur les murs desquels sont inscrits les mots qui nous empêchent d’en sortir. Nos « je peux/je ne peux pas », « je dois/je ne dois pas », « je devrais/je ne devrais pas » ainsi que notre version des comportements appropriés, ce qui est bien ou mal dans ce monde, le jugement, le succès et l’échec. Tout est là… Et si je veux sortir de zone de confort, je lirai sur mes murs : « Tu ne peux pas faire ça ».

C’est l’heure du choix. Soit vous acceptez de vous soumettre à ces pensées qui vous limitent, soit vous les considérez pour ce qu’elles sont : des messages sur les murs de vos frontières internes. Certes, elles vous ont protégé jusqu’ici, mais êtes-vous sûr d’en avoir encore besoin ? Voici, en trois conseils pratiques à intégrer dans votre quotidien, comment les faire vaciller…


3 trucs pour s’affranchir de ses croyances limitantes

Dites-vous « j’ai la pensée que »

Exercice classique de l’ACT, il s’agit de se détacher de ces croyances limitantes. Quand vous croyez : « Je suis nulle », ou « je n’y arriverai pas », ce n’est qu’une pensée, même si elle représente la réalité, pour vous. À partir de maintenant, prenez l’habitude de la ramener au rang de pensée en disant (à haute voix) : « j’ai la pensée que je suis nulle », « j’ai la pensée que je n’y arriverai pas ». Observez la différence.

Trouvez des arguments contraires

Cet exercice est basé sur les « Afformations » de Noah Saint-John. Il se déroule en deux temps. Primo, trouvez la phrase opposée à votre croyance limitante (« je suis nulle » devient « je suis brillante » ; « je n’y arriverai pas » devient « j’y arriverai »). Puis, terminez cette phrase opposée par « parce que »… et laissez votre cerveau chercher au moins cinq réponses. Il est fait pour ça. Donc : « Je suis brillante parce que… »

Posez-vous la question : « Si je n’étais pas moi, comment pourrais-je être absolument certain que c’est vrai ? »

Les croyances limitantes étant automatiques, nous ne savons plus pourquoi nous les pensons. Nous savons seulement que nous les pensons. Et que, de notre point de vue, elles sont « vraies ». Mais si nous rencontrions une personne « qui se trouve nulle ». Comment pourrions-nous être absolument sûr qu’elle le soit vraiment ? Reprenez vos croyances limitantes et demandez-vous ce qui vous fait, objectivement, de vous quelqu’un, par exemple, de « nul ». Et éliminez tous les avis de toutes les personnes que vous connaissez, tous les jugements que vous avez reçus. Concentrez-vous sur vous, votre opinion, votre point de vue, comme si vous analysiez quelqu’un d’autre. Qu’est-ce que ça donne ?

Alors, comment progressent vos croyances limitantes ? Ces trois astuces vous ont-elles aidé, aidée ? Avec quels témoignages pourriez-vous enrichir le débat ? Postez vos commentaires…

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